Lors de l’instruction ouverte contre Le lieutenant Alfred Luginbühl par la justice suisse en 1947, il assuma son choix d’avoir combattu le bolchevisme, tout en précisant qu’il n’avait jamais œuvré contre les intérêts de son pays, qu’il n’avait jamais appartenu à un groupement politique, ni exercé la moindre activité pro-nazie sur territoire helvétique. Le juge d’instruction, ne parvenant pas à prouver le contraire, renonça à demander des complémshow moreents d’enquête. Et comme ni crimes de guerre, tels que figurant dans le droit international, ni crimes contre l’humanité, ni violation de secrets militaires, ni espionnage au profit de l’Allemagne, ne purent lui être imputés, les deux chefs d’accusation finalement retenus contre lui furent celui de «désobéissance aux autorités militaires», en réalité le fait d’avoir franchi illégalement la frontière, et celui de «service militaire étranger», interdit par la loi suisse. Son passé d’avant désertion (une enfance plus que malheureuse) plaidant pour son avenir d’après guerre, ces deux chefs d’accusation ne lui valurent qu’une condamnation de douze mois d’emprisonnement, une dégradation et une exclusion de l’armée, ainsi que deux ans de privation de ses droits civiques. Ce dernier bénéficia d’une libération conditionnelle après huit mois, et fut finalement amnistié. Il s’installa alors à Neuchâtel, toujours en tant que jardinier, et enfin à Genève où il devint secrétaire syndical de la Fédération Ouvrière du Bois et du Bâtiment (FOBB), activité qu’il exerça durant dix-huit ans, défendant et aidant les ouvriers de toutes nationalités. Il se murmurait même, dans son entourage, qu’il avait pris sa carte du parti communiste, ce qu’il nia toujours avec véhémence. De son mariage en 1953 naquirent trois fils. Alfred Luginbühl mourut en 1995 à l’âge de soixante-dix-sept ans. Peu avant sa mort, il avait commencé à compiler des notes dans le but d’écrire ses mémoires, des notes qui ont finalement inspiré ce récit. Il fut l’un des deux mille Suisses, militaires ou civils, la plupart double nationaux ou Suisses de l’étranger, à s’être engagés aux côtés des Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut surtout, selon les estimations des historiens, l’un des deux cent mille volontaires de tous les pays à avoir franchi clandestinement des frontières pour se rallier aux forces du Troisième Reich.