"Le Moléson est le titre d'une de mes nouvelles, une espèce de souvenir. C'est une montagne du canton de Fribourg. Mes parents avaient décidé que je n'aurais pas à être paysan, qu'il fallait que je continue à étudier et que je devais apprendre un peu de français. Ils m'ont envoyé pour cette raison dans un collège de prêtre au pied du Moléson". Dans la première des neuf nouvelles qui composent ce recueil, Giovanni Orelli revient sur un épisode reshow morevisité de sa jeunesse à l'occasion d'un repas d'octogénaires qui semble réunir les participants à ce séjour linguistique estival en pleine Deuxième Guerre mondiale. Ils évoquent une journée particulière où ils ont été envoyés par les soeurs du collège chercher des myrtilles sur le Moléson pour faire des confitures. à l'appel de midi, la plus belle fille du groupe et un jeune homme manquaient ! La trucculence du dialogue vient de ce que l'une des deux personnages est cette jeune fille et l'autre son confident de l'époque. Dans ces nouvelles qui passent du récit au conte ou à la fable, on retrouve les thèmes chers à l'auteur : l'école, les paysans, les animaux domestiques et sauvages, les mères et leurs fils émigrés ; les amours de jeunesse, rêvées plus que consommées. Le monde est celui des paysans et la langue fait un va-et-vient entre l'italien classique, le dialecte tessinois et les citations latines. En français, on pénètre un monde riche et souvent étonnamment drôle de registres de langues. La culture catholique est omniprésente au même titre que les références à la culture classique, paienne, principalement romaine ; ce mélange irresistible est porté tout à la fois par un regard critique et érudit. Neuf nouvelles, neuf chef d'oeuvre. Tout est raffinement, intelligence (parfois piquante) et humour ironique chez Orelli.