À Paris, Mathias Marceau photographie les plus belles femmes du monde. Il a du succès, des amis mondains, une jolie femme professeure de danse. Il a toutes les raisons d’être heureux. Las. En plein vernissage de sa nouvelle exposition, son père André, menuisier, meurt. Mathias découvre qu’il souhaite être enterré selon le rite orthodoxe, que son appartement est tapissé d’icônes, que les personnes présentes à l’enterrement appellent son père «Andshow morereï» et qu’un certain père Georges, domicilié à la rue Daru, où est située l’église russe Alexandre Nevksi, a quelques secrets de famille à lui révéler: la mère de son père, Irène, est arrivée seule de Russie dans les années 1930, enceinte et prénommée alors «Irina». Tout un pan de la mémoire familiale de Mathias s’écroule. Son grand-père adoré n’était pas son grand-père, son père était à moitié Russe, le savait et le lui avait caché. Caché au fond du dernier meuble que fabriquait André au moment de mourir et qui était destiné à Mathias, un bonheur-du-jour à tiroirs multiples, il trouve un cahier, en écriture cyrillique et daté de 1937, qui le décide: il ira en Russie. Son passé porte un nom – Nikodime Kirilenko. L’enfant que portait Irina en arrivant en France était de cet homme, personnage fabuleux, force de la nature de presque deux mètres, blond aux yeux transparents, moine rescapé des massacres et pillages des monastères orthodoxes menés par le régime soviétique entre 1918 et 1938. En compagnie de survivants de Saint-Eustache, au bord du vaste lac Ladoga, en Carélie, Nikodime construit un monastère de fortune, recueille d’autres moines errant dans les forêts et, lorsqu’ils sont au nombre de douze, fonde la Confrérie des moines volants. Ils se donnent une mission: sauver du saccage bolchevique les objets sacrés des églises russes, icônes, bougeoirs, bibles ou encensoirs. Ils en sont convaincus, ils prient pour cela chaque jour: un jour, la «Sainte Eglise renaîtra».